Association SAMBA
Association des médecins de l’agglomération boulonnaise en charge de la permanence des soins
Maison Médicale de Garde
Le président de MG France plaide pour un parcours de soins coordonnés « valorisé et bien remboursé ». Il refuse de voir les acquis de la convention généralistes remis en cause.
[bleu]Panorama du Médecin : MG France organise à la fin de cette semaine à Nantes son IVe Congrès annuel. Qu’attendez-vous de ces trois jours de débats ?[/bleu]
[rouge fonce]Pierre Costes :[/rouge fonce] Il y a huit ans, MG France tenait un congrès à Strasbourg, c’était déjà une dizaine de jours avant l’ouverture de négociations conventionnelles. Nous étions à l’époque dans le cadre d’une convention unique. Lors de ce congrès, MG France a posé les bases d’une convention spécifique aux généralistes. Nous souhaitions la valorisation de son rôle de premier recours. On appelait cela les filières de soins. Aujourd’hui, nous sommes à quelques jours de l’ouverture d’un nouveau chantier conventionnel. Nous avons déjà une convention catégorielle et nous avons le médecin référent. La réforme instaure le principe généralisé du médecin traitant : un médecin de première ligne dans un système de santé organisé. Mais si le principe est posé dans la loi, toutes les modalités sont à discuter en coordination avec les syndicats de spécialistes. C’est l’objet de ce congrès.
[bleu]Les négociations conventionnelles débutent cette semaine. Quelles sont les attentes de MG France ?[/bleu]
Le point essentiel - et sous-jacent à toutes les futures discussions - est la question de la liberté tarifaire en dehors du parcours de soins. Les soins coordonnés seront-ils bâtis sur des critères de qualité accompagnés d’une revalorisation des tarifs, le tout remboursé parfaitement ? Ou, à l’inverse, les soins coordonnés se feront-ils au rabais parallèlement à un système libre avec des dépassements d’honoraires remboursés par des assurances. Cette approche peut paraître caricaturale, mais ce choix est essentiel, d’abord pour les patients, mais aussi pour l’exercice des généralistes. Nous souhaitons un dispositif coordonné et valorisé pour éviter les dérives inhérentes au marché dans lequel le généraliste doit, pour ses patients, discuter des prix, des délais et tenir compte de leur assurance complémentaire pour délivrer tel soin ou tel médicament.
[bleu]Quelles sont, selon vous, les conditions nécessaires à la réussite de la maîtrise médicalisée des dépenses ?[/bleu]
Le parcours de soins coordonnés est l’un des éléments de cette maîtrise médicalisée, mais ce n’est pas l’essentiel. La maîtrise médicalisée, c’est d’abord le bon usage des soins notamment pour le médicament, les examens biologiques, l’imagerie, les autres soignants (infirmiers, rééducateurs...) y compris le bon usage des soins dentaires. Ces bons usages passent par des protocoles et des référentiels. Pour MG France, il est essentiel que ces guides de bon usage soient élaborés avec les professions concernées, même si au bout du compte c’est le médecin traitant qui en suivra les pratiques. C’est tout l’intérêt de la loi du 13 aoà »t qui permet des accords transversaux interprofessionnels. De quoi développer une médecine moderne, en équipe, même en ville.
[bleu]Est-il imaginable que MG France ne signe pas d’accord d’ici à la fin de l’année avec l’Assurance maladie ?[/bleu]
Au 1er janvier, dans tous les cas de figure, le dispositif du médecin traitant sera proposé à toute la population par l’Assurance maladie. Les formulaires sont en cours d’impression. La campagne de communication est déjà lancée. A n’en pas douter, un arrêté du gouvernement différenciera le remboursement selon que le patient accède aux soins avec son médecin traitant ou non. Je souhaite que les syndicats professionnels donnent du contenu « qualité » à la coordination et en échange obtiennent des valeurs remboursées. Si un accord n’est pas bouclé au 31 décembre, cela serait dommageable pour l’ensemble des professionnels de santé. Mais cela ne changera pas la détermination du gouvernement à mettre en place une réforme acceptée pleinement par la population.
[bleu]Que faudrait-il alors pour que MG France ne signe pas un tel accord ?[/bleu]
Nous n’accepterons aucun accord qui soit en deçà de l’existant. L’existant, c’est-à -dire une nomenclature spécifique pour les actes techniques des généralistes (le K14, ndlr), une consultation approfondie ALD de 26 euros réservée aux généralistes, la rémunération des « Pires » à 50 euros qui doit devenir une exclusivité du médecin traitant. Sans oublier les 45 euros par an par patient pour les médecins référents. Tous les généralistes ont le droit de devenir référents et de passer contrat avec tous leurs patients. Il serait inconcevable de débuter une négociation en jetant au panier tous ces acquis. MG France est au contraire prêt à aller plus loin, notamment sur le rôle du médecin traitant.
par Alexandre Dhordain (Panorama du Médecin du 15 novembre 2004 n°4952)